Aujourd’hui 4 février, journée mondiale contre le cancer. J’ai décidé de vous préparer un article sur un sujet qui me tient à cœur et qui pourrait, j’espère, aider les familles qui ont la lourde tâche d’annoncer à leurs enfants un diagnostic de cancer.
Pour la plupart des familles, le diagnostic de cancer d’un parent représente une crise. Les membres de la famille doivent s’adapter et faire face à des ajustements, non seulement au diagnostic, mais aussi à une période de traitement prolongée. Cela représente un défi majeur pour les parents et les enfants et ils peuvent vivre ces changements de façon différente.
Coincé entre sa souffrance et ses responsabilités, le parent atteint risque de vivre de la culpabilité reliée à sa difficulté ou même à une incapacité à s’occuper de ses enfants comme il le voudrait. Il n’est pas facile de soutenir ses enfants pendant cette période, et personne ne peut le faire parfaitement.
Il est primordial que le parent malade soit supporté par sa famille et son entourage. Cela facilitera grandement son parcours à travers la maladie. N’hésitez pas à faire appel à des professionnels qui pourront vous conseiller, vous accompagner ou juste vous écouter si vous en ressentez le besoin.
Voici quelques conseils et outils pour aider ses proches à faire face à la situation.
Choisissez le bon moment pour en parler.
Expliquer le cancer à un enfant est un défi pour la plupart des parents. Bien qu’il s’agisse de conversations difficiles, elles sont importantes. Il n’y a pas de « bonne » ou de « mauvaise » façon de parler du cancer avec les enfants. Le diagnostic de cancer est une situation bouleversante pour toute la famille. Il est tout à fait normal de vivre de l’inquiétude, de la colère, de l’impuissance et de la peur.
Ne gardez pas votre diagnostic secret. Les enfants peuvent généralement deviner si quelque chose ne va pas. Sans les bonnes informations, ils peuvent se faire les pires des scénarios et mal interpréter leurs ressentis. Ils peuvent également se sentir responsables des changements survenus chez leurs parents ou dans leur famille.
Avant toute chose, renseignez-vous correctement. Ayez toutes les informations nécessaires sous la main, vous serez alors en mesure de bien expliquer votre diagnostic et vos options de traitement. Vous serez mieux outillé pour répondre aux questions de vos enfants. Créez un environnement ouvert et favorable. Encouragez les enfants à poser des questions. Toutefois, ne les forcez pas à parler tant qu’ils n’y sont pas prêts.
Il est important de choisir le bon moment pour annoncer la nouvelle. Idéalement, optez pour un moment tranquille où tous les membres de votre famille sont disponibles afin de pouvoir prendre le temps nécessaire pour bien expliquer. Il est préférable d’annoncer la nouvelle à tous les enfants en même temps, pour que personne ne se sente à l’écart. Il n’est pas rare que les enfants se sentent responsables, qu’ils soient anxieux face à l’inconnu et qu’ils aient peur de l’abandon. Vous devez les rassurer, ce qui arrive n’est pas leur faute.
Comment annoncer la maladie.
Veillez à ce que les discussions soient simples et honnêtes, en utilisant un langage et des termes adaptés à leur âge. Surtout si vous avez de jeunes enfants. Dites la vérité, ils finiront par savoir si vous avez caché ou inventé des choses et il sera difficile ensuite pour eux de faire confiance à vous ou aux adultes en général. Soyez rassurant, mais ne faites pas de promesses que vous ne pouvez pas tenir.
Informez les enfants de votre traitement, notamment des effets secondaires auxquels vous devez vous attendre (par exemple, baisse d’énergie, perte de cheveux, nausées, etc.) Comprenez que certaines informations peuvent être difficiles à accepter ou à comprendre, répétez au besoin.
Encouragez vos enfants à s’exprimer, invitez-les à poser leurs questions, cela vous aidera à savoir ce qui les inquiète. Certains enfants peuvent ne pas être à l’aise de parler de leurs pensées, de leurs sentiments ou de leurs craintes. Proposez-leur de faire des dessins, d’utiliser des jouets, des marionnettes pour s’exprimer ou encore, d’écrire des histoires et des poèmes. La littérature jeunesse est un excellent outil. Revenez sur le sujet quelques jours plus tard.
Surtout, dans la mesure du possible, maintenez la routine, c’est rassurant et sécurisant pour les enfants, surtout en période de stress.
Soyez réaliste. Les parents qui ont reçu un diagnostic de cancer ne peuvent pas toujours faire tout ce qu’ils faisaient auparavant. Faites savoir à votre réseau familial et à vos amis que vous avez besoin d’aide et soyez conscient que votre rôle dans la famille peut changer pendant que vous travaillez à vous soigner. Si vous vous sentez stressé, anxieux ou déprimé, n’hésitez pas à demander de l’aide. En vous occupant de votre santé mentale, vous aiderez aussi vos enfants. Ce n’est pas le moment d’être orgueilleux et de tenter de tout faire seul. Laissez de côté votre égo et dites oui aux offres d’aide.
Voici des exemples de ce que peuvent faire les gens de votre entourage pour vous aider :
- Des repas maison préparés d’avance ou congelés.
- Prendre les enfants pour une activité de plein-air ou pour un week-end.
- Conduire les enfants pour leurs activités sportives ou parascolaires.
- Faire les commissions, épicerie, pharmacie, etc.
- Apporter des lectures, revues.
- Vous tenir compagnie, vous coiffer ou faire un manucure.
- Demander de vous accompagner à vos traitements.
Les suggestions sont infinies. À vous de voir selon vos désirs et besoins.
Surveillez les changements d'humeur ou de comportement de votre enfant.
Informez l’école et les professeurs de votre diagnostic et de votre traitement. Ils peuvent vous aider à surveiller les changements d’humeur, les symptômes physiques ainsi que les résultats scolaires de votre enfant. De nombreux enfants expriment leur anxiété de façon somatique, notamment par des maux de tête et d’estomac. Une augmentation de ces symptômes sans cause médicale peut être le signe qu’un enfant se sent anxieux ou accablé.
Parmi les autres signes indiquant qu’un enfant peut avoir besoin d’une aide supplémentaire, on peut citer : des troubles du sommeil permanents, des pensées ou des inquiétudes envahissantes, des bagarres ou des disputes fréquentes à l’école ou avec les frères et sœurs, des inquiétudes répétées face à la mort, peur de quitter ses parents ou d’aller à l’école. Si votre enfant a des difficultés d’humeur ou de comportement qui perdurent, demandez au pédiatre, au médecin de famille ou au conseiller scolaire de vous aider à l’orienter vers un professionnel de la santé mentale qualifié et formé.
Il n’est pas facile pour un enfant de comprendre et d’accepter le diagnostic de cancer d’un parent. Les sentiments de peur, la confusion et la colère sont tous des sentiments normaux et sains. Comme parents, vous pouvez les aider en étant à l’écoute et en réagissant de manière cohérente, honnête, et positive. Heureusement, les enfants sont assez résiliants de nature. Et en créant un environnement ouvert où ils se sentent libres de poser des questions, vous les aiderez à faire face à la situation et vous réduirez le risque de difficultés émotionnelles chroniques.